Le harcèlement scolaire

Le harcèlement scolaire

Harcèlement scolaire

Avant propos

Particulièrement sensible à la thématique du harcèlement scolaire (je vous laisse découvrir mon parcours ici), j’ai tenu à vous partager un état des lieux de la littérature scientifique actuelle, afin qu’ensemble, nous luttions contre ce phénomène. 

Si vous êtes victime ou témoin, appelez le 3020. 

Brève histoire du harcèlement scolaire

Le harcèlement scolaire existe depuis longtemps, bien avant sa reconnaissance comme problème sociétal. Dès l’Antiquité, des récits évoquent des formes d’intimidation. Saint Augustin, en 401, mentionne déjà les brimades subies par les nouveaux étudiants.


Ce n’est qu’au XXe siècle que la recherche s’y intéresse vraiment. Dans les années 1970, Peter-Paul Heinemann décrit la violence de groupe, et Dan Olweus établit les premières études approfondies sur le sujet. Depuis les années 1990, la médiatisation du phénomène a permis une meilleure prise de conscience.


Parallèlement, de nombreux programmes anti-harcèlement ont vu le jour à travers le monde. Le programme norvégien d’Olweus a été l’un des premiers à montrer une réduction significative du harcèlement en milieu scolaire. En France, le programme pHARe déployé dans les établissements vise à former les enseignants, sensibiliser les élèves et mettre en place des protocoles de prise en charge rapide des situations de harcèlement.

Définition et différentes formes de harcèlement

Le chercheur Dan Olweus définit le harcèlement comme suit :

Un élève est victime de harcèlement lorsqu’il est soumis de façon répétée et à long terme à des comportements agressifs visant à lui porter préjudice, le blesser ou le mettre en difficulté de la part d’un ou plusieurs élèves. Il s’agit d’une situation intentionnellement agressive, induisant une relation d’asservissement psychologique qui se répète régulièrement
Dan Olweus
1993, P.9

Trois critères caractérisent le harcèlement :

  • L’intentionnalité : l’agresseur agit avec l’intention de nuire.

  • La répétition : les actes se produisent régulièrement.

  • Le déséquilibre des forces : la victime est en position de faiblesse.

Les formes de harcèlement (Galand et al., 2014) :

  • Verbale : insultes, moqueries, menaces.

  • Physique : coups, blessures.

  • Matérielle : vol, dégradation d’objets.

  • Relationnelle : exclusion, rumeurs.

  • Numérique (cyberharcèlement) : humiliations en ligne.

Prévalence et conséquences du harcèlement scolaire

Près d’un élève sur trois serait concerné par le harcèlement scolaire, en tant que victime, harceleur ou témoin (Modecki et al., 2014). Galand et al. (2014) indiquent que :

  • 16 % des élèves sont victimes,

  • 14 % sont harceleurs,

  • 5 % sont à la fois victimes et harceleurs.

Les conséquences sont graves :

  • Pour la victime : anxiété, dépression, isolement, risque suicidaire (UNICEF, 2012).

  • Pour l’agresseur : conduites antisociales, troubles de la personnalité (Kaltiala-Heino et al., 2012).

  • Pour les témoins : sentiment d’impuissance, culpabilité.

Le harcèlement scolaire : un processus groupal

Le harcèlement scolaire ne se limite pas à un duo victime-agresseur, mais repose sur une dynamique de groupe (Salmivalli, 2010) :

  • Les assistants : soutiennent le harceleur.

  • Les défenseurs : prennent la défense de la victime.

  • Les non-impliqués (outsiders) : observent sans intervenir.

Encourager les témoins à intervenir est une stratégie essentielle

Conclusion

Le harcèlement scolaire n’est ni récent ni rare : l’Antiquité évoquait déjà des faits similaires et aujourd’hui on estime qu’il toucherait environ 30% des élèves. Il est défini comme des « actes négatifs multiples (souvent de formes variées) délibérément dirigés contre une ou plusieurs personnes qui en souffrent et ne voient pas comment y mettre fin » (Galand, 2019, p. 4). C’est un acte intentionnel, répétitif et déséquilibré pouvant prendre différentes formes.

 

Le harcèlement scolaire s’inscrit dans un processus groupal impliquant une (des) victime(s) et un (des) agresseur(s) mais aussi un (des) témoin(s). Ces derniers peuvent être assistants, défenseurs ou outsiders. Ils jouent un rôle majeur puisqu’ils influencent et peuvent être influencés par la situation.

 

Afin de répondre à ce phénomène, des programmes de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire ont été créés. Or, ces interventions ne permettent pas d’endiguer le harcèlement. En effet, la réduction des comportements de harcèlement ne dépasse pas les 20%.

 

Les témoins étant présents dans plus de 80% des situations mais n’intervenant que rarement pour défendre les victimes (Hawkins et al., 2001), il est important de comprendre les facteurs liés à leur intervention ou non-intervention. Et ce, d’autant plus au vu des conséquences néfastes et diverses à plus ou moins long terme engendrées par le harcèlement. De plus, leurs comportements plus facilement malléables que ceux des auteurs de harcèlement font d’eux des sujets tout désignés pour les programmes anti-harcèlement.

 

L’étude des différents facteurs influençant l’intervention (c.à.d. le rôle qu’ils vont adopter face à la situation) représente donc un enjeu majeur. 

2 réflexions sur “Le harcèlement scolaire”

  1. Maîtresse Sophie

    Article pertinent !
    Si je comprend bien, les programmes se centrent aujourd’hui sur les témoins ?
    Comment peut on aider les victimes directement ?

    1. Bonjour Maitresse Sophie,

      Merci pour votre commentaire !

      Les programmes anti-harcèlement tendent, effectivement, à intervenir auprès des témoins. La recherche a permis de constater qu’en modulant les réactions des témoins, plus atteignables que celles des harceleurs, on parvenait à diminuer les taux de harcèlement. Le processus de groupe est donc enrayé : si plus personne ne donne de crédit aux moqueries…, le harceleur se retrouve seul face à la victime et la relation de force est « cassée », diminuant à son tour la répétition des faits dans le temps.

      Pour ce qui est de l’aide aux victimes il existe plusieurs solutions (que je ne pourrais pas détailler en totalité ici).
      L’écoute empathique et bienveillante, dans un premier temps, est essentielle afin que la victime ne se sente pas jugée ou mise de côté.
      La psychoéducation sur le phénomène est également importante, et pas uniquement auprès de la victime, mais pour que l’ensemble de la classe sache ce qu’est le harcèlement et quoi faire face à cette situation, que l’on soit témoin ou victime.
      Enfin, une prise en charge thérapeutique peut également être intéressante afin d’aider l’enfant/ado à reprendre confiance en lui et dépasser ses peurs et souvenirs douloureux.

      Belle soirée !

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